dimanche 29 décembre 2013

Première manip : Mayès, l'île des ornithos



Mayès est une île du golfe du Morbihan, qui a été colonisée en 1985-1986 par les ornithos. C'est pas bien grand, ça doit faire 1 km de large et 4 km de long, mais punaise, c'est blindé de piafs! Bon, par contre ça ne se voit pas du premier coup. A première vue, on pourrait croire qu'il n'y a que quelques Skuas (ça ressemble à un gros goéland marron). Mais ne vous y trompez pas, à la tombée de la nuit, un spectacle auditif rempli le ciel! Des nuées de pétrels et de prions virevoltent dans les aires en poussant leurs cris! Une cacophonie harmonique unique! Pour les quelques 150 skua de Mayès, cent à deux cent mille pétrels et prions se partagent l'île. Mais alors pourquoi ne les voit-on pas? Hé bien ici, le Skua est le top prédateur. Pour l'éviter, les prions creusent des terriers dans le sol où ils nichent. En gros, c'est comme un terrier de lapin, où l'oiseau peut pondre, couver et élever son petit à l'abri. Mais comme le Skua rôde toute la journée, impossible pour les prions de voler de jours autour du terrier. Du coup, ils arrivent de nuit après s'être gavés de phytoplancton ou de crevettes en mer…

Arrivée sur Mayès, l'île des Ornithos 


:Quelques oiseaux de Mayès : sterne de Kerguelen, chionis, skua, gorfou sauteur, albatros fuligineux à dos clair et cormoran de Kerguelen
Bon, ça c'était pour la petite histoire ornitho. Mais personnellement, ce qui m'a le plus impressionné sur cette île, c'est sa géologie. Ce n'est pas une île plate, bien au contraire. Sur Mayès on trouve des collines, des vallons, des plateaux, plus ou moins rocailleux ou bien colonisés par des choux de kerguelen, de l'azorelle, ou de Poa pratensis (introduite). Ce relief laisse la place à de nombreuses falaises révélant une roche granitique posée sur une roche basaltique. Tiens, du granite? Mais c'est une roche continentale ça! Hé oui, Kerguelen serait en quelque sorte un néo-continent! Quel paysage fabuleux avec cette roche tendre grignotée par les intempéries, soutenant difficilement des colonnes de granites. Pas évident de bien décrire ce décors avec des mots, j'espère que les photos parleront d'avantage, ou que j'arriverai à vous faire une bonne vidéo. 

Prairie de Mayès
Bref, rassurez vous, à Mayès je n'y vais pas uniquement pour écouter les piafs ni contempler des cailloux. Sur cette île riche en oiseaux et pauvre en espèces introduites (faune et flore), le programme ornitho à installé un de ses observatoire à long terme. A cette période de l'année on regarde si les pétrels bleus et les prions de Belcher commencent à pondre dans leurs terriers. En tout, c'est pratiquement 400 terriers que nous surveillons depuis 1986. La première fois, c'est assez étrange de plonger son bras dans un terrier pour en retirer un oiseau... Mais pas d'inquiétude, ici pas de serpent, de scorpions, d'araignées ou de truc dégueu. Au pire, c'est une petite souris qui vous remonte sur le bras, c'est pas bien méchant. Ce qui est méchant en revanche, ce sont les racines qui frottent contre le bras et la terre sèche qui grattent la peau. Gare aux éraflures qui prennent du temps à cicatriser! De mémoire de VAT, pratiquement chaque ornitho a bricolé son petit truc pour éviter les petites douleurs: cette année pour moi c'est mitaines en gants pour rosiers et T-shirt manche longue surplus de l'armée. C'est bien efficace pour fouiller les terriers sans fin de pétrels bleus! 



Terrier de pétrel bleu sous un chou de kerguelen
L'équipement ultime pour fouiller les terriers en toute sécurité!

Pour oublier tous les petits bobos et reprendre des forces au chaud, Super Joan connait bien le truc! Un bon gâteau chocolat-crème de marron! La petite cuisine en cabane fait toujours plaisir. On le dit et on le sait, pour être en forme il faut bien manger! En cabane, on a pratiquement tout ce qui se conserve que l'on pourrait trouver en super marché. Des conserves, des plats cuisinés, des jus de fruits, du lait… Par contre, pour les produits frais, on ne peut en emporter que pour quelques jours. A chaque départ on peut avoir un peu de viande, du fromage, du pain, des œufs, des fruits et bien sûr du boukané. C'est une viande de porc fumée qui se conserve bien, à cuisiner en lardons. Avec la gazinière de la cabane, on peut faire à peu près toute la cuisine qu'on veut. Du pain, des gâteaux, des brioches, des petits plats… Bref, en cabane, on à la belle vie! Surtout dans la cabane de Mayès où tout est porté par le chaland (car si t'as 2h de transit pour arriver à une cabane, tu ne te charges pas avec 10 kg de frais!). Bien qu'il n'y ait ni lapin ni truites sur Mayès, nous pouvons nous faire de bonnes salades de pissenlits. Ça fait du bien de manger de la verdure fraîche au bout de 10 jours de boites! On a tenté également la confiture de fleurs de pissenlits. Le goût n'est pas top, mais avec du miel c'est sacrément bon… reste à améliorer la texture qui est trop liquide. A toi futur VAT, si un jour tu passes par Mayès, une recette de Crémaillotte aboutie sera peut-être notée dans le cahier de cabane! Et en plus du pissenlit, nous avons de fameuses moules à ramasser à marée basse. Un vrai régal avec la recette de Laurie! Il faudra attendre la fin du séjour pour que Fabrice nous fasse le légendaire "Gateau Ginette" issu d'une recette améliorée d'un livre de cuisine édité en 1955.

En cabane, on n'a pas de quoi se laver, pas de petite douche chaude ni de baignoire fumante! On s'y habitue vite rassurez vous. En fait, à Mayès j'ai profité d'une journée de baguage de Skua pour prendre un petit bain dans le lac de "Skua Tropez". Bah je vous garanti que non seulement on s'habitue à ne pas se laver, mais on n'a pas envie de s'habituer à se laver sous le vent dans une eau à 4°C ! Bon, au moins j'étais propre…

Voilà pour cette longue session de 17 jours à Mayès. Au retour sur la base, je ne savais pas si j'y avais passé deux semaines ou deux ans… juste un souvenir fragile, comme quand on se réveillait brusquement avec des bribes de rêves en mémoire. Mais pas le temps de trop repenser à cette manip, une autre commence le surlendemain. Session à Ratmanoff où se trouve la plus grande colonie de manchots royaux de Kerguelen…

N'hésitez pas à m'envoyer des mails si vous avez des questions plus précises sur la vie ici. Je devrais avoir un peu de temps autour du 30 janvier… d'ici là, les manips s'enchainent très rapidement !

Mayès, une île où on est bien…

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